« Born to be wild!
-Mrs Fox, ceci n'est pas une réponse. »
Ah, mince. Comment lui dire que je ne veux pas lui répondre moi, parce que je n'ai pas de famille. Ou plutôt, que celle que j'ai bah... c'est pas vraiment la mienne.
Je récapitule. Eva Mendès a 17 ans, dé-scolarisée, elle couche avec n'importe qui pour crécher, parce que ses parents lui ont dit « casse toi salope ». Je sais pas qui l'a engrossée, mais paniquée à l'idée d'avoir en plus un gosse à charge, elle hésite entre se poignarder le bide ou garder le morveux pour faire pitié quand elle fait la manche dans les rues de New-York. Mais quand le gosse est trop grand pour faire la manche, elle se débrouille pour le filer à l'orphelinat. Ethan Mendès, 4 ans, fils d'une sal... d'une paumée. Quel rapport avec moi? C'est mon frangin. Un chic type, j'suis sûre.
Moi, j'arrive quelques mois après, pour faire la manche aussi, avoir des réductions... Ce genre de trucs. Mais maman tombe dans la drogue, si bien qu'à 14 mois, j'intègre le même orphelinat que mon frère. Mais personne ne le sait. Parce que ma mère, elle loge alors dans un truc qui pue le renard, et sa seule présence d'esprit est de m'inscrire à l'état civil comme Rose Ann Fox. Merci maman. Du coup, non seulement personne ne sait que j'ai un frère, peut être mon voisin de chambre, mais en plus au lieu d'être adoptée avec lui, j'intègre une famille seule. J'ai quatre ans, et aucun souvenir de ça.
Je m'avance sagement vers mes 15 ans, résultats presque exceptionnels, comportement un peu agité mais ça va. Ça va. Alors « papa » et « maman » décident de me dire la verité. Avant, tout allait bien, je crois que je leur en veux d'avoir brisé mon innocence... On m'annonce que j'ai été adoptée. Alors effrontément je pars en croisade. Je retrouve ma mère, hospitalisée pour overdose. Elle décédera deux jours après nos retrouvailles. Et ce sans avoir manqué de me cracher à la gueule la responsabilité de son malheur. Et puis « Ethan était mon préféré, toi, t'es qu'un déchet » sympa... Mais maintenant j'ai un but. Chercher ce frère disparu.
Un peu rebelle sur les bords, je commence à sortir du droit chemin dès mes seize ans, à dix sept ans j'ai le diplôme du lycée en poche, je sais que le droit me plait, alors je m'y jette corps et âme.
Je chercher cet Ethan que je ne vois qu'en rêve, ça fait trois mois que je n'ai pas appelé ma famille, que je ne l'ai pas vue. Je me mordille les lèvres, un peu triste, parce qu'au fond je les aimes.
« J'ai un papa et une maman très gentils monsieur, je lui adresse un sourire involontaire, doux comme une pizza chaude, et un petit frère. Il a 7 ans, vous le verriez... Il s'appelle Jorah! » Sourire franc cette fois, la bouille du gamin me vient en flash. Je l'adore! « Tout va bien m'sieur l'agent. J'aurais pas dû me battre, okay... »
Attendrit, il me laisse sortir. Dans ces moments, je ne sais pas si je manipule ou si je suis sincère. Peut être que pour Jorah c'est vrai... Il est si mignon...
Il fait nuit, je me suis arrangée pour que Thomas, mon père adoptif, ne soit pas au courant. Alors je rentre à pied, dans le noir et sous la pluie. Putain, fais chier. En voulant balancer mon pied dans une canette, je suis déçue d'entendre non pas un bruit métallique mais... autre chose. Et j'ai mal au gros orteil... Un coup d'œil rapide me renseigne sur l'objet. Euh... en fait non. C'est un bâton moche. Je me penche, le ramasse du bout des doigts et le caresse avec mon pouce. Du bois. Je balance la machin, sans me soucier du fait que je n'entends aucun bruit atterrissage.
Je rentre à la maison silencieusement, le salon est allumé. 23:48, on m'attend... Je me signale, maman ouvre la bouche, mais je mets mon casque audio, elle la referme. Un éclair de tristesse me fait regretter, je monte pour ne pas aller la prendre dans mes bras. Pardon maman... Un éclat me stoppe devant mon miroir. Un petit collier de bois trône sur mon cou. Le bâton, en plus petit...
Je l'enlève, aussitôt libre de sa chaîne, il redevient un bâton. Je sursaute, manque de me défenestrer et ronfle comme mon chat, Globule. Curieuse, j'y jette un œil sérieux cette fois. C'est moche, les couleurs sont passées. Je relève neuf motifs, donc trois qui ressemblent à quelque chose. Heeee! Un totem! Un totem! J'esquisse une danse de la cheville gauche avant de me ressaisir. Un loup, puis un corbeau et enfin une sorte de tête de cheval un peu effrayante tant elle est moche. Le bruit a attiré mon frangin, il surgit dans la chambre avec un jouer Iron Man. Il sait parfaitement que je déteste ce genre d'égo carrément sur dimensionné (probablement parce que les gens qui se ressemblent ne s'aiment pas). Reflèxe, je balance le totem derrière moi et presque immédiatement je sens qu'une chaîne se positionne sur ma nuque. Bin voyons...
Et donc, me voilà propriétaire d'un totem-collier caractériel auquel je ne pige absolument rien. Et ce sale gosse m'a laissé son jouer! Plein de bave! Beeeerk!

Comment vivre quand on a le nom d'une rose et que tout le monde vous trouve épineuse?
Voilà typiquement le genre de question que je ne me pose PAS. Rien à faire. Je suis très égocentrique, parfois trop, parfois pas assez. Je crois, je sais, profondément que dans ce monde, il y a deux genre de personnes.
Ceux que j'aime, qui me voient faible avec eux, douce, gentille et d'une innocence touchante. Mais aussi d'une jalousie et d'une grade exclusivité. Je n'aime pas les partager. Loyale, je peux aller jusqu'au devant du danger pour eux, car je conçois ainsi l'amitié. Quand j'aime d'amour ou d'amitié, je suis plutôt jalouse.
Puis il y a ceux que je n'aime pas. Et là, vous pouvez changer de ville dès maintenant. Fouineuse, maligne et retorse, je vous traquerais, car je vous déteste.  Avec ou sans bonne raison, qu'importe. Je peux paraître froide et perverse, mais ne vous inquiétez pas, c'est juste parce que j'vais vous bouffer tout crus. Je crois, d'après témoignages, que je peux être d'une cruauté aigüe puisque je sais trouver la corde sensible d'un être rapidement (le fait d'espionner les gens aide).
Enfin, quand vous me découvrez, j'ai l'air d'une folle perdue dans son monde joyeux, entre rigolade et hurlements. Enfin pour ceux qui n'ont pas eu vent de mon épouvantable réputation de voleuse de copain/copine et de garce invétérée. Pfu. Que des mots. Mais venez me parler, car je suis une grande timide sous mes airs extravagants, et j'aime à découvrir des gens.
Je suis également une amoureuse de la justice et de la politique. Si ma vocation de folle-dingue avec un bâton moche s'est imposée à cause du-dit bâton, je crois que j'aurais vaincu le mal par des mots (et quelques coups bas). Bien que j'ai une GROSSE tendance à foncer tête baissée (surtout quand mes amis sont en jeu) je suis aussi d'un calme olympien quand il s'agit de vengeance. On peut clairement me qualifier de personne bipolaire, et ça m'amuse. Jouer sur les genres, les sexes, c'est mon domaine. Mi femme, mi homme, mi monstre.